Flammé ou Givré ?

Publié le 11 Décembre 2014

 

Non, il ne sera pas question ici d’un dessert belge ou d’une céréale bien connue, mais bien de ces oiseaux grégaires que sont les Sizerins qui viennent en moyenne un hiver sur deux envahir nos mangeoires.

 

Individu no.1.  Sizerin flammé

Individu no.1. Sizerin flammé

La plupart de ceux-ci sont des Sizerins flammés, mais il y a aussi quelques présences plus rares de Sizerins blanchâtres. Il n’est pas simple de les distinguer, car ils se ressemblent sur plusieurs points. La présence d’une sous-espèce de blanchâtre (exilipes) dont les traits caractéristiques d’un blanchâtre nominal (hornemanni) sont moins marqués rend la différenciation plus ardue. Autre difficulté, le plumage peut varier selon l’âge de l’oiseau et le sexe. Chez le Sizerin blanchâtre le plumage le plus blanc appartient au mâle adulte et par opposition une femelle de première année sera moins évidente à distinguer des Sizerins flammés.

Il existe aussi une sous-espèce de Sizerin flammé nommée « rostrata ». Ce sizerin est aussi plus gros que les flammés et est davantage brunâtre et foncé. Probablement parce qu’il est moins flamboyant, celui-ci tend à passer sous le radar des ornithologues. Dans E-bird vous devrez la rapporter en tant que Sizerin flammé (Groënland). Bref, vous voyez maintenant la difficulté, vous serez confronté à un continuum allant des oiseaux fortement rayés de teintes brunâtres à des oiseaux peu rayés et d’apparence blanchâtre.  

 Bien que les sous-espèces pourraient s’hybrider, il n’y aurait pas de croisement entre les flammés et les blanchâtres. Toutefois, peu d’études portent à ce jour sur la distinction génétique de ces espèces et sur leur hybridation possible. 

 

L’identification sur le terrain.  

  Alors comment faire pour savoir si vous êtes en présence de Sizerins flammés ou de Sizerins blanchâtres. Tout d’abord, il est certain qu’il est plus facile de repérer un blanchâtre parmi un groupe de Sizerins flammés. Grâce à cet effet de proximité, vous serez peut-être même en mesure d’identifier des sous-espèces. Le Sizerin blanchâtre a une livrée générale plus pâle. Les rayures sur ses flancs sont généralement moins marquées et plus fines. La poitrine du mâle n’est que légèrement rosée en comparaison au flammé beaucoup plus rouge faisant ainsi honneur à son nom. Son habit plus blanc lui donne même des éclats givrés. Cela dépend souvent de l’éclairage par contre. On voit l’effet sur la première série de photos.  Il est aussi plus gros (14 cm au lieu de 13 cm pour le  flammé).

Individu no.2.  Sizerin blanchâtre (hornemanni)
Individu no.2.  Sizerin blanchâtre (hornemanni)
Individu no.2.  Sizerin blanchâtre (hornemanni)
Individu no.2.  Sizerin blanchâtre (hornemanni)
Individu no.2.  Sizerin blanchâtre (hornemanni)

Individu no.2. Sizerin blanchâtre (hornemanni)

Observez aussi son dos, le Sizerin flammé montre beaucoup de brun et de rayures tandis que le blanchâtre a du blanc entre les rayures du dos qui paraît plus délavé (grisâtre, sans teinte de brun) et, plus bas, le croupion est complètement blanc. Les rayures du Sizerins flammés ne s’arrêtent pas au dos, elles vont jusqu’aux sus-caudales en passant par le croupion.

 Ensuite, essayez de comparer les becs. Celui du Sizerin blanchâtre est plus court. Le bec du blanchâtre apparaît plus conique et surtout plus court, quelques petites plumes pourraient en recouvrir la base.

Il est aussi conseillé de porter attention aux scapulaires (zone près de l’épaule). Chez le flammé les scapulaires sont sombres tandis que chez le blanchâtre ces plumes sont plus pâles, près du dos elles se terminent en pointe blanche qui paraît même givré.[1]

Enfin, observez si l’individu possède des raies au niveau des sous-caudales (sous l’oiseau près de la queue). Si l’individu ne présente aucune rayure (que du blanc) ou une seule ligne fine au centre alors vous avez devant vous un sizerin blanchâtre.[2] L’autre sous-espèce de blanchâtre (exilipes)  montrera un peu plus de rayures sur les flancs et aussi sous la queue. En plus d’une fine ligne centrale, les sous-caudales pourraient être marquées d’une ou deux petites lignes supplémentaires sur les côtés.


[1] Cf. Sibley, Des oiseaux de l’Est de l’Amérique du Nord, Ed. Michel Quintin, 2006. pp.410-411. Cf. aussi Stokes, Guide des oiseaux de l’Est de l’Amérique du Nord, Ed. Broquet, 1997, p.455. La photo en haut à droite illustre fortement des scapulaires d’apparence givrée.  

[2] Cf. le tableau produit dans le guide Sibley à la page 411. Le tableau indique 4 cas possibles. Att : espèce à tête rouge « rostrata » en comparaison.

Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"
Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"
Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"
Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"
Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"
Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes)  rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"

Individu no.3. Sizerin blanchâtre (exilipes) rapporté en tant que "Sizerin Flammé ou Blanchâtre"

Dernier point en terminant, tous ces critères ne peuvent pas être considérés individuellement. Il est fortement conseillé de se baser sur plusieurs critères afin d’identifier la bonne espèce avec certitude. En effet, certains individus pourraient arborer un critère propre à l’autre espèce ou ne pas montrer tous les critères à la fois. Sous nos latitudes « l’exilipes » serait le blanchâtre le plus présent. Mais puisque la distinction entre lui et le flammé est moins évidente, il n’est pas autant rapporté que le « hornemanni ». Les blanchâtres étant considérés plus rares, les ornithologues, pour être prudents, ont certainement rapporté plus souvent qu’autrement ces individus en tant que flammé.[1]  Il n’y a donc pas de gêne à rapporter un « exilipes douteux» en tant que « Sizerin Flammé ou Blanchâtre », E-bird le permet. De telles mentions auront au moins le mérite de mettre la puce à l’oreille de futurs chercheurs qui utiliseront les banques de données.

 

Bonne pratique!

 

 P.S. Un merci spécial à Michel Bertrand pour ses nombreuses correspondances sur le sujet.

 

[1] Brinkley, Buckley, Bevier et Byrne. Photo essay: Redpolls from Nunavut and Greenland visit Ontario. North American Birds, vol. 65, no.2, 2011, p.209.   http://www.aba.org/nab/v65n2redpolls.pdf

Sizerin flammé

Sizerin flammé

Rédigé par Martin Forget

Publié dans #ornithologie, #sizerins

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M
Pierre Casavant m'a répondu ceci sur le forum Ornitho-Qc. Je le remercie. N'hésitez pas à participer aux articles quand vous avez de l'information complémentaire. <br /> <br /> Bonjour Martin,<br /> <br /> Je te fais parvenir un lien d'une photo du sizerin flammé<br /> &quot;rostrata&quot; , J'ai eu la chance de pouvoir le photographier, (hiver<br /> 2013 au Boisé Langevin de Boucherville) de très près et nous pouvons<br /> voir distinctement les caractéristiques du rostrata.<br /> <br /> https://www.flickr.com/photos/82402390@N02/8529731166/
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